La phrase « Il n’existe pas de petits pays, mais de petites idées », de Paul Otlet, penseur et précurseur de la construction d’un monde pacifié et lié par les connaissances, illustre de façon  actuelle l’environnement mondialisé des sociétés dites de l’information. Depuis la première moitié du XXème siècle, ce théoricien et fondateur de la Documentation a inspiré un ensemble d’études et de questions de recherche dans plusieurs pays et particulièrement  en France et au Brésil. De fait, c’est à partir du développement de la documentation en France que se sont ouvertes les premières voies pour des échanges dans le champ d’études de l’information entre ces deux pays.

Plus tard, au cours des années 1970, un autre précurseur, Jean Meyriat, a accueilli et dialogué avec des chercheurs brésiliens sur les thématiques et questions de recherche en information, au sein du Doctorat de 3ème cycle en sciences de l’information et de la communication qu’il a organisé à Paris à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS). En même temps, au Brésil, était crée par l’Instituto Brasileiro de Bibliografia e Documentação (IBBD), devenu Instituto Brasileiro de Informação em Ciência e Tecnologia (IBICT), en partenariat avec la Universidade Federal do Rio de Janeiro (UFRJ), le premier programme de post graduation en sciences de l’information au niveau Master recherche. A la suite les universités du Minas Gerais et de Brasília firent de même.

À partir des années 1990, grâce aux efforts d’institutions, de chercheurs et de laboratoires de recherche dans les deux pays, les sciences de l’information se sont  consolidées comme domaine non seulement professionnel ou de formation, mais comme champ,  ou discipline, de recherche et de production de connaissances. Les conditions académiques et scientifiques ont été alors réunies pour développer des échanges plus soutenus entre les groupes de chercheurs du Brésil et de la France.

Le Réseau MUSSI se donne pour mission de faire suite, d’élargir et de consolider ces liens historiques. A cette fin, des échanges, des visites, des participations à des colloques, des post doctorats, ont été organisés. En juin 2007 a eu lieu en France, la première rencontre pour débattre de la mise en place de ce réseau de chercheurs en science de l’information et  pour promouvoir les études et les recherches sur le rôle de l’information dans le développement des sociétés effaçant, dans la tradition otletienne, les frontières géographiques et institutionnelles.

Dans cet objectif la thématique générale proposée par le réseau veut couvrir un ensemble de questions sur les nouvelles formes d’appropriation des connaissances, des savoirs, de l’information et de  leurs médiations.  Elle s’intéresse ainsi aux aspects culturels, épistémologiques, méthodologiques, techniques, politiques et économiques, afin de cerner les phénomènes informationnels dans leur dimension sociale, conceptuelle et critique.

La volonté d'obtenir une information est donc un élément nécessaire pour qu'un object soit considéré comme un document, alors que la volonté de son créateur peut avoir été autre."

Jean Meyriat (1967)
La sociologie et ses problèmes d'information scientifique